Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/437

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mais, à en juger par l’effet qu’elle produisait sur tout le monde, elle surpassait la plus belle. Comme Napoléon, tout l’empire de sa beauté était dans son regard : que de fierté, de hardiesse et de pénétration ! avec quel ascendant irrésistible il imposait le respect, entraînait les volontés, captivait l’admiration ! L’être à qui Dieu a donné de tels regards n’a pas besoin de la parole pour commander à ses semblables ; il possède une puissance de persuasion qu’on subit et qu’on ne discute pas. Son nez était long, le bout légèrement retroussé ; sa bouche grande, mais bien d’expression ; sa figure longue ; les parties osseuses et les muscles étaient fortement prononcés ; sa peau très brune, mais pleine de vie. Elle avait une énorme tête parée de longs et épais cheveux descendant très bas sur le front ; ils étaient d’un châtain foncé luisant et soyeux. Sa voix avait un son sourd, dur, impératif ; elle parlait d’une manière brusque et saccadée. Ses mouvements étaient assez gracieux, mais trahissaient constamment la préoccupation de sa pensée. Sa toilette fraîche, élégante et des plus recherchées, faisait un étrange contraste avec la dureté de sa voix, l’austère dignité de son regard et la gravité de sa personne. Elle avait