Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/438

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
434

une robe en gros des Indes, couleur oiseau de paradis et brodée en soie blanche ; des bas de soie rose de la plus grande richesse et des souliers de satin blanc. Un grand châle de crêpe de Chine ponceau, brodé de blanc, le plus beau que j’aie vu à Lima, était jeté négligemment sur ses épaules. Elle avait des bagues à tous les doigts, des boucles d’oreilles en diamants, un collier de perles fines de la plus grande beauté, et au dessous pendait un petit scapulaire sale et tout usé. Voyant la surprise que j’éprouvais à l’examiner, elle me dit avec son ton brusque : — Je suis sûre, chère Florita, que vous, dont la mise est si simple, me trouvez bien ridicule dans mon grotesque habillement ; mais je pense que, m’ayant déjà jugée, vous devez comprendre que ces habits ne sont pas à moi. Vous voyez là ma sœur, si gentille, la pauvre enfant sait seulement pleurer : c’est elle qui, ce matin, me les a apportés ; elle m’a suppliée de vouloir bien les mettre pour lui faire plaisir, ainsi qu’à ma mère et à d’autres. Ces braves gens s’imaginent que ma fortune pourrait se refaire, si je veux consentir à me revêtir d’habits venus d’Europe. Cédant à leurs instances, j’ai mis cette robe dans laquelle je suis gênée, ces bas qui sont froids à mes jambes, ce