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péniens ! la république du Pérou s’attend à trouver en vous des défenseurs, ne voulant plus que sa noble cause soit défendue par ce qu’on nomme soldats. » Une autre fois, il leur disait : « Aréquipéniens ! vous êtes tous libres : le chef n’est pas plus que le subordonné, le subordonné est autant que son chef ; plus de soldats parmi vous, rien que des frères, des hommes libres, des défenseurs de la patrie, etc., etc. »

— En vérité, me disait Althaus, je suis tenté de croire, avec les vieilles femmes, que ce moine damné a trouvé les cornes du diable, qui donnent, disent-elles, la puissance de faire des miracles. Quant à moi, je lui brûle une belle chandelle ; car je vous assure qu’il me tire d’un cruel embarras. Le général, qui est peureux comme une perdrix, m’avait donné la corvée d’aller fouiller dans les maisons pour y découvrir les conscrits qui ne voulaient pas se rendre : cette besogne ne m’allait pas du tout. Je suis homme à charger sur mon dos trois de ces blancs-becs de conscrits que je rencontrerais sur la lisière d’un bois ; mais forcer l’entrée d’une maison où j’aurais été entouré de la vieille mère, de la jeune femme en pleurs qui seraient venus me supplier, des enfants qui