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le culte et l’art à des attitudes nouvelles. L’archipel (par une mesure qui se répétera dans son histoire) venait de se fermer au despotisme des influences chinoises, et les chefs de l’État avaient décidé, dès la fin de la période Heian, de ne plus envoyer d’ambassade à Si-ngan fou. L’ésotérisme se développa dans un milieu hermétique, avec la complicité exaltée des femmes et des moines. C’est l’époque de l’extase et de la prière succédant à l’époque de la contemplation. La lumière dorée du paradis d’Amida rayonne sur la peinture en harmonies jaunes. Et pourtant les vieilles leçons des maîtres Thang ne sont pas complètement perdues. Quand Kosé Kanaoka, le grand peintre japonais du temps, travaille pour les monastères, il s’astreint au précieux, au fini, à la minutie qui sont de règle dans l’esthétique Singon. Mais il lui arrive de s’évader, — il se rappelle alors la libre et ferme manière de Wou Tao-tseu.


IV. — LA CHINE DES SONG ET LE SUCCÈS DU BOUDDHISME TCHHAN.


L’histoire de la Chine est une série de recommencements. L’unité se fait et se défait. Ce vaste empire, soumis à une infiltration perpétuelle, à une opposition plus ou moins prononcée du nord et du sud, donne le spectacle d’une vitalité et d’une énergie centralisatrice sans cesse en travail pour resserrer les éléments de la nation, avec une vertu qui fit défaut à Rome même,