Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes.djvu/213

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prairies & des campagnes seroient habitées, mais des corps lumineux, il n’y a pas moyen. La raison a beau venir nous dire qu’il y a dans les planètes des campagnes, des prairies, la raison vient trop tard, le premier coup d’œil a fait son effet sur nous avant elle, nous ne la voulons plus écouter, les planètes ne sont que des corps lumineux ; & puis comment seroient faits leurs habitants ? Il faudroit que notre imagination nous représentât aussitôt leurs figures, elle ne le peut pas ; c’est le plus court de croire qu’ils ne sont point. Voudriez-vous que pour établir les habitants des planètes, dont les intérêts me touchent d’assez loin, j’allasse attaquer ces redoutables puissances qu’on appelle les sens & l’imagination ? Il faudroit bien du courage pour cette entreprise ; on ne persuade pas facile ment aux hommes de mettre leur raison en la place de leurs yeux. Je vois quelquefois bien