Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
SOUVENIRS

montagnes, auprès d’un lac couvert d’oiseaux aquatiques ; on traverse un vallon formé par des rochers d’albâtre, pour parvenir au petit village de Monte-Allegro. Il nous parut si pauvre, que nous préférâmes n’y pas entrer, et nous reposer sous un caroubier. Cet arbre a de grandes branches qui s’étendent en éventail et touchent presque la terre : couchés sous cette tente naturelle, nous étions assez à l’abri de ce soleil que je trouvais aussi insupportable en Sicile que lorsqu’il nous dévorait dans les sables de Gaza et au milieu des ruines de Thèbes.

Les abreuvoirs d’une eau saumâtre placés aux portes de presque tous les villages ne sont que des cloaques infects ; il ne vient dans l’idée de personne d’assainir ces fontaines d’un usage continuel. Nos mulets altérés s’y précipitaient d’une manière fort incommode pour nous et peu sûre pour notre bagage. Nous repartîmes après une halte d’une heure, pour achever cette journée de quarante-deux milles, une des plus longues du voyage. Notre caravane était guidée par un campieri, que la prévoyance du sous-intendant de Sciacca crut nous être indispensable, parce que des voleurs avaient été aperçus la veille sur la