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DE LA SICILE.

même route. Ce campieri, armé de sa longue carabine, avait une des plus méchantes figures que j’aie vues de ma vie. Affectant une prudente inquiétude, il semblait découvrir des brigands derrière tous les buissons, et ne négligeait rien pour entretenir chez nous l’idée du danger dont il nous garantissait.

C’est par le bord de la mer qu’on arrive à la marine de Girgenti, située à quatre milles de cette ville, qui occupe encore le même site que son antique citadelle. Nous avions suivi, après le village de Siculiana, pendant un quart de lieue, une côte assez escarpée, baignée par la mer : la forme des rochers crayeux qui la composent est molle, arrondie ; la vue est fatiguée par la blancheur éclatante et monotone de ce rivage. Une tour carrée protège la marine de Girgenti. Ce petit port [emporium Agrigentinorum] avait assez de mouvement, quelques felouques et un peu de commerce. On monte à Girgenti par un chemin scabreux, dépavé, au risque de voir les chevaux s’abattre à chaque instant et rouler dans des ravins. Je crois impossible de donner une idée exacte de l’état de dégradation des chemins et surtout des rues, dans les villages et même dans les