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DE LA SICILE.

gers, de grenadiers, de treilles et d’oliviers. Ces jardins souterrains de Syracuse frappent autant par leur singularité que pouvaient le faire les jardins suspendus de Babylone. Les tremblemens de terre ont fait écrouler plusieurs voûtes. Des arbres, des fontaines, se font tour à travers ce chaos ; des ouvertures qui se trouvent sur plusieurs points, s’enfoncent si avant sous terre, qu’il ne serait pas prudent d’en aller chercher le terme. Quelquefois un rocher taillé en forme de tour s’élève au milieu de cette carrière, et l’on peut croire que sa destination était de recevoir les sentinelles qui veillaient jour et nuit sur les captifs. Il est facile de comprendre que ce lieu, étant plus bas de cent pieds que le terrain qui l’environne, formait la prison la plus sûre, comme aussi la moins triste puisqu’on n’était pas privé de la vue du ciel.

Ce fut dans la latomie de l’Épipole que le vieux Denys fit, dit-on, enfermer le poète Phitoxène[1].

Quant à la latomie connue sous le nom

  1. Ce nom rappelle la courageuse réponse : Qu’on me remène aux carrières.