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DE LA SICILE.

ment est de mauvais goût ; mais il est enrichi des colonnes de granit qui décoraient le proscenium du théâtre antique. Dans cet édifice, qui a néanmoins une sorte de grandeur dont les Italiens ont toujours le secret, j’ai remarqué une détestable peinture à fresque qui représente le moment de la catastrophe de 1693, où toutes les communautés religieuses, contraintes de fuir devant la lave, s’embarquèrent à la hâte ; mais ce qui peut être vrai, et n’était pas assez héroïque pour être constaté, c’est que l’évêque fut le premier à quitter le rivage en lui donnant sa bénédiction.

L’itinéraire du prince de Biscari enrichit Catane, sa patrie, d’une foule de monumens que j’ai eu la bonne foi de chercher ; entre autres, un temple de Cérès, qui n’est qu’une jolie petite rotonde, peu digne d’un nom fastueux. Peu de personnes sont plus crédules que les antiquaires ; ils croient comme article de foi la tradition la plus vague, le préjugé le plus incertain. Le moindre morceau de marbre devient ainsi un temple important ; et le plus petit travail réticulaire leur révèle sur-le-champ l’existence d’un amphithéâtre ou d’une naumachie.