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SOUVENIRS

Roger. Tout ce que j’avais entendu dire des couvens de religieuses me persuadait que j’allais voir apporter des biscuits, du sirop ; je mourais de soif. J’attendis, rien n’arrivait, les histoires ne finissaient pas ; je quittai enfin les bonnes religieuses, qui me promirent des prières et me sevrèrent de confitures.

Avouons ici que je fus encore moins heureux à Messine, dans un parloir charmant de l’abbaye de San-Gregorio : malgré ma révérence, la plus polie possible, et dès mon premier mot d’excuse, l’alarme fut au camp ; les causeries si animées cessèrent, les voiles tombèrent sur les visages, on retira de petites mains blanches qui passaient entre les barreaux ; des volets se fermèrent, et je fis retraite, très-malheureux d’avoir troublé le seul plaisir vif des religieuses, celui de la conversation.

Aucun monastère en Italie ne m’a fait éprouver ces sentimens intérieurs d’admiration et de pitié que je sentis si vivement à Lyon, lorsque j’y passai pour me rendre en Sicile.

J’étais allé visiter une maison de campagne qui domine le vallon d’Écully. Le soleil descendait entre deux collines, au bas desquelles