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SOUVENIRS

de Boucher, où il a entassé sans confusion toutes les richesses de la nature : c’est l’école des peintres du genre aimable comme du genre terrible. » Notre guide alla nous chercher de la neige, le vin de Syracuse y gagna ; et, après le meilleur sommeil, nous nous remîmes en route à onze heures du soir. La nuit était sombre : aussi nos mulets firent-ils de nous ce qu’ils voulurent ; ils descendaient, et je sentais gravir le mien au point de me faire perdre l’équilibre. Ces animaux, sûrs et infatigables, ne s’arrêtèrent qu’après une marche de quatre heures. Le froid était devenu assez piquant pour que nous eussions les pieds et les bras engourdis, quand on mit pied à terre près de la tour du Philosophe. M. Gemmelaro et quelques officiers anglais ont fait construire en ce lieu une petite maison, où nous n’allâmes point coucher, parce que la neige qui l’enveloppait encore la rendait excessivement humide. C’est de cet endroit, où nous bûmes du rum et où nous quittâmes nos redingotes, que nous partîmes à pied pour monter le grand cône. On n’arrive à sa base qu’après avoir franchi pendant l’espace d’environ un mille des laves de la forme la plus bizarre ; il