Aller au contenu

Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
DE LA SICILE.

cuse. L’ombre de l’Etna se projetait sur la Sicile, et cette vapeur incertaine s’étendait depuis Paterno jusqu’aux plaines d’Enna.

Le vent changea ; je pus porter mes regards vers le volcan. Son cratère immense, qui me parut avoir plus d’une lieue de circuit, est séparé en trois parties par une aiguille de rocher dont la base forme la division. Ce rocher s’élance du cratère comme une flèche gothique ; sa couleur est rougeâtre, quelquefois d’un noir bitumineux, et la croûte qui reluit sur certaines parties, me rappela celle qui recouvre les aérolithes : dans d’autres endroits, ce rocher paraissait être, comme l’intérieur du volcan, de couleur de cendre, et rayé transversalement d’un soufre pur. Nous étions placés sur le bord taillé à pic, légèrement excavé sous nos pieds ; et la pente me sembla si rapide jusqu’à l’endroit où le grand puits devient perpendiculaire, qu’il eût été impossible d’y descendre sans avoir la triste certitude d’être entraîné dans le gouffre. La profondeur de cette partie de l’entonnoir pouvait être de six à sept cents pieds[1].

  1. Un Anglais eut la témérité, il y a peu d’années, de se faire