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DE LA SICILE.

Je me dirigeai sur Sperlinga. On lit sur une des portes du château de cette ville une inscription qui rappelle la bienfaisance courageuse des habitans de ce pays :

QVOD SICVLIS PLACVIT, SOLA SPERLINGA NEGAVIT.
Trois cents Français réfugiés dans les souterrains de ce château échappèrent pendant quelque temps à la proscription qui les frappa si cruellement à l’époque des vêpres siciliennes. Philippe de Scalambre, qui les commandait, obtint, ainsi que je l’ai dit plus haut, comme Guillaume Des Porcelets, le prix de sa modération et de ses vertus. Je vis, en passant, Nicosia, Troina, qu’on croit l’ancienne Imacara, et les monts Herœi. C’est là qu’habita Daphnis, l’inventeur de la poésie bucolique. Si son ombre vient errer dans ces solitudes, quelle doit être sa surprise de ce que les échos qui redirent ses chants, ne répètent plus que des commandemens autrichiens[1], dont la mélodie est un peu moins gracieuse !

Revenus enfin à Catane par Meretto, Bronte,

  1. Un poste autrichien assez considérable occupe cette partie sauvage de la Sicile.