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SOUVENIRS

penchant du mont Taurus par Andromaque, père de Timée l’historien ; elle fut peuplée de ceux des habitans de Naxos qui purent échapper lorsque Denys le tyran fit détruire leur ville. Agathocle s’en rendit maître ; Auguste y fonda une colonie romaine. Brûlée en 893 par les Sarrasins, elle fut détruite en 968 par ordre du calife Al-Moëz. Les restes de sa splendeur s’évanouirent ; à peine y compte-t-on aujourd’hui quatre mille habitans. Taormine est, comme toutes les petites villes de la Sicile, sale, mal pavée, avec des rues si étroites, que deux personnes peuvent à peine y passer de front. Cette ville a toujours été un point militaire important ; aussi trouve-t-on à chaque pas des ruines grecques, des murs romains, des tours sarrasines : les opuntia, les ronces, le lierre, se sont emparés de ces vains travaux ; des pins et des palmiers règnent sur ces décombres, et pyramident au-dessus d’eux avec une grâce inimitable[1].

  1. On montre à Taormine un mur que l’on dit avoir appartenu à une naumachie, et une citerne dans le genre de la piscina mirabile. Tout cela est fort dégradé. D’ailleurs, encore une fois, à quoi bon une naumachie et des combats sur l’eau dans un petit espace, chez un peuple qui habite le rivage de la mer ?