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SOUVENIRS

trâmes le fleuve Chrysorrhoas. C’est près de cette onde, qui roulait de l’or, que le dieu du jour faisait garder ses troupeaux par ses deux filles, Phaéthuse et Lampétie, toutes deux éclatantes d’une céleste beauté. On a construit sur le promontoire d’Argenum un télégraphe, qui, heureusement pour les employés, n’a pas grand’chose à dire ; car je ne sais trop comment ils s’en tireraient.

Il nous fallut descendre les rochers de Scaletta, dont les vieilles tours menacent la route ; éviter le chemin, qui est impraticable, et, glissant, sautant, nous accrochant à des branches, gagner la plage de la mer, que nous ne quittâmes plus jusqu’à Messine. Cette marche fut extrêmement pénible pour nous : mais la beauté des sites que nous avions sous les yeux nous en fit supporter plus aisément les fatigues ; nous apercevions les coteaux pittoresques du Pélore, les villages de Galati, Lardaria et Camari ; la vue des côtes de Reggio nous consolait d’avoir à traverser les lits de torrens desséchés, et à passer sous des rochers de marbre échauffés par le soleil, lorsqu’enfin nous découvrîmes les clochers et les tours de Messine.