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SOUVENIRS

des lieux peut faire croire que, comme à Calais et à Douvres, à Gibraltar et à Ceuta, une grande secousse a séparé deux terres pour en former un détroit.

Lorsque je me rendis à Reggio, la traversée, aidée par le courant, fut d’une heure et demie. Cette ville est couverte de décombres et de matériaux destinés à la rebâtir. Excepté la via del Corso, tout le reste ne présente que l’image de la destruction et de la tristesse. Le palais communal aura de la magnificence ; la façade, construite sur les dessins d’un architecte habile, Stefano Calabria, donne, ainsi qu’une belle fontaine, une haute idée de cet artiste. Ces monumens ont de la grandeur, de la simplicité, et sur-tout de l’originalité. Les ouvrages et la modestie de cet architecte seraient d’utiles leçons pour certaines gens qui, n’ayant rien produit qui annonce un génie créateur, se traînent sur les pas et d’après les plans de leurs devanciers, s’approprient avec adresse les travaux des autres, et dont l’orgueil serait à peine soutenable, si, au lieu de s’élever jusqu’à décorer un théâtre, ils avaient construit l’église de Saint-Pierre. Rien n’est plus déplorable que la médiocrité en archi-