Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
DE LA SICILE.

de Naulochus, qui vit finir la liberté romaine. Agrippa détruisit devant ce rivage la flotte de Sextus Pompée.

La fermentation des esprits annonçait l’orage révolutionnaire près de fondre sur la Sicile ; elle s’augmentait de la jalouse rivalité qui régna toujours entre Palerme et Messine : il était évident que cette dernière ville prendrait le parti opposé à celui de la capitale. Au milieu d’un mécontentement unanime, l’opinion était si peu formée, qu’on laissait à Palerme l’option du parti qu’elle voudrait suivre, par cela même qu’on était plus décidé à prendre la couleur contraire. Enfin le malaise était général ; la crise devenait imminente, inévitable : mais je n’ai pas vu deux villages qui desirassent la même chose.

Avant de quitter cette Sicile qui conserve, ce me semble, trop peu de souvenir de ce qu’elle fut, pour pouvoir devenir de long-temps ce qu’elle devrait être, je crois à propos de dire un mot du caractère sicilien, quoique je craigne, à la vérité, d’être démenti par les événemens qui viennent de désoler cette île. La conduite héroïque des Grecs m’a suffisamment prouvé que je n’ai pas reçu le don de prophétie : aussi suis-je