Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
SOUVENIRS

sur-tout de MM. Fea et Nibby. À leur suite se disputent leurs élèves, et de proche en proche tout ce qui s’y entend ou qui n’y comprend rien. Une brique est consultée, la moindre voûte est baptisée, enfin toutes les décisions consacrées par le temps sont anéanties. Dans quel profond découragement ne jette-t-on pas ces voyageurs scrupuleux qui reviennent à Rome pour ne plus s’y reconnaître ! Ces bons voyageurs à qui il en avait coûté tant d’argent pour apprendre des noms, sont obligés, en conscience, d’en dépenser tout autant pour oublier cette première éducation.

Montaigne disait « qu’on ne voyoit rien de Rome que le ciel sous lequel elle avoit esté assise, et le plant de son gite ; que cette science qu’il en avoit estoit une science abstraite et contemplation, de laquelle il n’y avoit rien qui tumbât sous les sens ; que ceus qui disoint qu’on y voyoit au moins les ruines de Rome, en disoint trop : car les ruines d’une si espouventable machine rapporteroint plus d’honneur et de reverence à sa memoire ; ce n’estoit rien que son sepulcre. Le monde, ennemi de sa longue domination, avoit premie-