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HISTOIRE INDIENNE.

s’emparait de mon cœur. La veille du jour où Misra devait être instruit de ce qu’il me demandait avec une instance impérieuse, irrité de mon silence, il partit pendant la nuit et ne revint pas le soir. Le second soleil se levait sur notre demeure, où nous rentrions excédés de fatigue, après l’avoir cherché vainement dans tous les environs, quand je songeai que nous avions négligé de visiter une grotte assez éloignée où sa passion pour la chasse le conduisait fréquemment. Nos esclaves étaient dispersés ; mon père n’avait pas la force de me suivre, et je partis comme un trait, malgré ses prières, ses ordres. Je traversai le bois des grands banians ; je me précipitai dans la caverne, oubliant qu’elle était souvent le repaire des bêtes féroces. J’en suivis tous les détours ; je n’en regagnai l’entrée qu’avec difficulté et à peine avais-je retrouvé la lumière, qu’un éléphant sort de la forêt ; sa trompe me paraît chargée d’un fardeau : il s’approche, mes jambes se dérobent sous moi, ma vue se trouble ; mais il dépose à quelques pas de la grotte un homme, un corps inanimé : c’était Misra, glacé, souillé de sang et de poussière. L’éléphant s’éloigne ; j’humecte avec de