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LE RAJAH DE BEDNOURE,

sur le trône. Enfin cette union ne le consolerait-elle pas de ses revers, si la mauvaise fortune le privait sans retour de la couronne de ses pères ? Soyez certain, ajoutait son tuteur, que Solamé partagera votre avenir avec délices, et que nous vous rappellerions ce vœu si cher à nos cœurs, dès que la fortune vous serait contraire.

» Mon père avait toujours conservé des intelligences à la cour de Tipoo-Saëb : ce sultan, informé qu’il existait un héritier du royaume de Canara, voulait, en faveur du souvenir de son alliance avec le père de Misra, rendre à ce jeune prince la couronne de Canara et de Tanjaour. Les peuples de ces contrées n’attendaient que l’arrivée de la plus faible armée pour secouer le joug de leur méprisable souveraine. Le nom de Misra circulait sourdement dans les provinces. Il était indubitable que ce rajah, présenté à la nation par un ministre qu’elle avait chéri, serait accueilli avec transport. Nous nous livrions à cette flatteuse espérance, que mon père modérait de tout son pouvoir. Des émissaires lui arrivaient chaque nuit, et, sans cesse occupé d’une correspon-