Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
380
LE RAJAH DE BEDNOURE,

Dès que le major fut parti, M. Makinston ne me déguisa plus l’embarras que lui causait la passion de son fils ; la fermeté de ce jeune homme laissait à son père peu d’espérance d’en triompher. « La félicité de sa vie est attachée à la possession de Solamé, ajouta-t-il ; elle le distingue, elle l’aime, et cependant la foi de ma pupille est engagée au rajah de Bednoure : ce jeune prince a tout sacrifié pour elle. William n’ignore pas que le vœu de M. d’Averney mourant avait béni l’union de sa fille et de Misra. Le rajah est libre ; et à peine la reconnaissance trouve-t-elle une faible place dans le cœur de Solamé ! Ce cœur, qui ne connaissait que des habitudes, attendait William ; il a semblé voler au-devant de lui. Les premiers souvenirs de Solamé ne sont plus pour elle que des devoirs. Cette fatale sympathie détruira le bonheur de mon fils et le repos de mes vieux jours. Parlez-lui, au nom du ciel ; elle a une entière confiance en vous : mes cheveux blancs lui imposent du respect, et toute ma tendresse paternelle n’obtiendrait peut-être pas un aveu sincère. Je ne saurais diriger sa conduite dans une circonstance si délicate : elle a dit toute sa vie passée