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LE RAJAH DE BEDNOURE,

sable. Solamé parut recouvrer un peu de tranquilité, quand nous lui expliquâmes nos projets. Je me séparai d’elle l’ame oppressée, envahie par les plus noirs pressentimens : le bonheur de tous ceux que j’aimais devenait impossible ; les sacrifices que l’honneur et le devoir exigeaient d’eux, me paraissaient au-dessus de leurs forces. Muni des instructions de M. Makinston, attendri par les vœux de tous les gens qui m’étaient chers, je m’embarquai sur un paquebot de la compagnie.

Nous longeâmes la côte de Malabar et les îles Laquedives. J’avais pour compagnons des banians qui portaient à Seringhan, pour le service de la pagode, les plus riches pagnes de Dindigole et de Patna.

Le souvenir du découragement dans lequel j’avais laissé M.lle d’Averney et toute la famine Makinston, occupa uniquement mon esprit pendant toute la traversée.

Le désordre régnait dans Mangalor au moment où nous y abordâmes. Des Marattes s’y réunissaient pour être incorporés dans l’armée britannique : on s’y ressentait des effets de la guerre, dont le théâtre était pourtant à quelque