Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/419

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
392
LE RAJAH DE BEDNOURE,

ses domestiques accompagnaient à Anjenga ce triste et précieux dépôt. Je n’osais pas arrêter ma pensée sur l’effet que cet événement funeste produirait chez des êtres que l’inquiétude seule réduisait au désespoir. J’allais partager leurs maux, lorsqu’une maladie aiguë, suite des cruelles anxiétés auxquelles j’étais livré, des fatigues que j’avais supportées, et du spectacle désastreux dont j’avais été témoin, me retint à Seringapatnam pendant plus de trois mois. L’impatience que j’en éprouvais dans le principe vint aggraver mon état, et je fus privé long-temps de l’usage de mes sens.

Le rajah de Bednoure m’avait fait prodiguer les secours les plus suivis ; mais il s’était éloigné. Je ne vis plus ce prince, que sa douleur rendait farouche, sauvage ; ma vue même lui était devenue odieuse, et je lui pardonnai cette aversion, dont je trouvais l’excuse dans l’excès de son malheur.

Le silence que l’on gardait avec moi pendant ma convalescence, m’avertit des nouveaux chagrins qui m’attendaient à Anjenga.

La Providence sévère avait voulu que Solamé reçût le collier d’iri renvoyé par le rajah de