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LE RAJAH DE BEDNOURE.

faiblesse de ma santé m’obligea d’aller chercher le ciel plus doux de l’Italie ; je passai en Sicile : le climat de Catane convenait à mon état languissant ; je m’y suis arrêté pour jamais. Mes jours se succèdent depuis d’une manière égale et tranquille. J’ai trouvé, dans la retraite que j’habite, un rempart contre les tentations, contre l’espoir trompeur d’un bonheur plus vif. Quand on a fini avec le monde, il faut savoir assister à la vie comme à un spectacle monotone, exiger fort peu des hommes et ne rien attendre du lendemain. La solitude est la garantie la plus sûre contre de nouveaux dégoûts, de nouveaux regrets, et je dois au souvenir douloureux que je conserve, une extrême tolérance pour toutes les incertitudes et les erreurs du cœur humain. Enfin, si la mort m’avertit de sa venue, l’espérance dictera ma dernière prière. Je m’abandonnerai avec confiance au Dieu du pardon, à celui qui entend aussi bien la voix défaillante du mourant que le bruit de l’ouragan impétueux qui ravage la terre pour châtier les vivans.


FIN