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SOUVENIRS

montoire, s’est abîmée depuis long-temps dans la mer.

À peine étais-je débarqué, que le plus riche habitant d’Olivieri, dont nous réclamions l’hospitalité, me dit naïvement, au milieu de son refus, qu’il n’avait reçu de sa vie que le prince héréditaire de Bavière ; mais cette fois, ajoutait-il, j’ai couru et insisté du meilleur cœur du monde pour lui offrir tout ce que je possédais.

Le bâtiment sur lequel j’avais fait cette traversée aussi peu commode pour moi que toutes les autres, était encombré de soldats napolitains, d’officiers de cette nation et de leurs femmes, leurs enfans ; tout cela placé pêle-mêle, tout cela malade : de là un désordre, une saleté, insupportables. Ces bonnes femmes se persuadèrent que la présence d’un Français devait porter malheur ; elles me prirent en grippe. Ce sentiment, qui ne les embellissait pas, vint compléter l’agrément du voyage.

Olivieri dépend de l’évêché de Patti. On voyait, au fond du golfe, les hameaux de Sainte-Lucie, Barcelona, Pizzo di Gotto, et le château de Milazzo, l’antique Mylœ, célèbre par la bataille navale où le consul Duillius vainquit les