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SOUVENIRS

les sociétés, les habitudes de cette vie, semblent avoir été observées et respectées.

C’est dans ce temple de la mort que sa pensée devient grande et terrible ; elle s’empare du cœur pour y porter l’épouvante. Cette initiation aux mystères du sépulcre détruit l’idée d’un lendemain, dégoûte de ce qui charmait, détache de ce qui troublait les sens ; enfin elle effraie l’homme le plus ferme de sa prison d’argile, de son infaillible et prochaine destruction.

On m’a montré des corps qui, aux bonnes fêtes, répandent les odeurs les plus suaves ; d’autres qui ont la propriété de guérir de la fièvre dès qu’on les touche ou qu’on en approche. J’ai emporté de ce lieu singulier des croquis, des bouquets de fleurs d’oranger et les bénédictions du Padre Francesco.

L’art de la peinture est tout-à-fait négligé en Sicile. Les ouvrages del signor Velasquez, quoique fort vantés par ses compatriotes, ne rappellent point ceux du célèbre maître de l’école espagnole. Le Velasquez palermitain, et son rival, dont j’ai oublié le nom, ont peint, dans le palais de la Favorite, des Chinois qui ressemblent à des lazzaroni, et des beautés grecques qui ras-