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DE LA SICILE.

un énorme morceau de pain, est de s’approcher pour vous dire : Vous voyez bien que je meurs de faim.

Rien ne ressemble plus à la Palestine que ces campagnes abandonnées. On retrouve un peu de culture et un commencement de grand chemin en approchant de Trapani. Nous passâmes sur le mont Saint-Julien, le mont Eryx.

..........Nec littora longè
Fida reor fraterna Erycis, portusque Sicanos.
(Virg. Æneïd. lib. v, v. 23.)

Quelques murailles sur le sommet d’une roche carrée sont, dit-on, les restes de ce temple de Vénus Érycine (8) si renommé par la beauté des prêtresses qui le desservaient.

Tum vicina astris Erycino in vertice sedes
Fundatur Veneri Idaliœ. (Æneïd. lib. v, v. 759.)

Il est digne de remarque que la petite ville de Saint-Julien, placée comme une citadelle sur le haut de la montagne, est habitée par les plus belles femmes de la Sicile. Ces petites-filles des prêtresses de Vénus n’ont conservé que les traits de leurs aïeules. Les mœurs sont très-austères à Saint-Julien ; des portes hermétiquement fermées, des fenêtres grillées, ne laissent aucun