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DE LA SICILE.

bruyante fut terminée par un feu d’artifice. Notre entrée ne laissa pas de causer quelque distraction ; bientôt après nous devînmes l’objet exclusif de la curiosité publique. Le sindaco, chef de la justice du pays, ouvrit avec dignité la lettre qui nous recommandait à ses soins. Après de longs pourparlers entre ce magistrat et ses subordonnés, nous fûmes conduits et fort bien logés dans le palais du duc de Monte-Leone.

J’étais impatient de voir le jour, d’aller chercher les ruines de Sélinonte (11), nommées vulgairement li Piglieri ; elles sont au bord de la mer, à sept milles de Castel-Vetrano. On traverse, pour s’y rendre, une plaine fertile, coupée par un bois dont je ne perdrai jamais le souvenir : c’est une forêt d’oliviers sauvages, de liéges, de chênes verts ; le bas était garni d’aubépines, et de nombreux rossignols saluaient le soleil levant. Mais, une heure plus tard, j’éprouvai une chaleur africaine, quand je dessinai au milieu des temples, et bientôt la réverbération y devint tout-à-fait insupportable. Les restes d’une voie antique nous conduisirent vers les trois temples : ils sont placés sur une éminence dont la mer baigne le pied. On reconnaît tout de suite qu’un