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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/379

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les mystères de montréal

Une lutte terrible s’engagea dans la chaloupe, au-dessus des flots. Les deux hommes se tenaient à la gorge, l’un cherchant, avec ses pieds, à jeter par-dessus bord le corps du dormeur, l’autre à le retenir.

Lafleur appelait au secours, mais ses cris s’éteignaient dans sa gorge, serrée entre les doigts crochus de l’ancien chef de pirates.

La chaloupe menaçait de chavirer à chaque mouvement des combattants.

Enfin, le banquier fit un suprême effort pour jeter à l’eau son ancien compagnon…

Trois cris se firent entendre en même temps. La chaloupe avait chaviré, précipitant ses occupants dans les eaux glaciales du fleuve.

Le premier qui revint à la surface fut Lafleur. Il saisit avec désespoir le bord de l’embarcation et se maintint la tête hors de l’eau. Ayant regardé autour de lui il ne vit point ses compagnons.

Dix minutes après, la chaloupe, conduite par le courant, touchait de nouveau la rive nord.

Alors seulement, Lafleur s’aperçut qu’il était à un demi-mille de la voiture.

Éperdu, il court sur la grève comme un fou. Il n’est plus ivre ; il a peur et il est transi de froid.

Soudain il se trouve en face d’un autre homme. Il regarde comme il faut : c’est son maître.

— Vous l’avez tué ! lui dit-il.

— Tais-toi ou tu auras le même sort ! répondit le banquier.