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le pouce crochu

— Il ne s’agit pas de cela, dit-il vivement. Vous êtes, mademoiselle, l’associée de mon père, et l’argent que vous toucherez vous appartient. Je voudrais payer de ma personne pour vous servir, et je vous demande en grâce de m’apprendre tout ce que vous savez sur l’homme que vous cherchez. Vous venez d’affirmer qu’il n’a pas quitté Paris.

— Il y était encore cette nuit.

— Vous l’avez vu ?

— Non, mais j’en suis sûre.

— Vous êtes donc déjà entrée en campagne ? demanda ironiquement madame Gémozac.

— Oui, madame, répondit sans hésiter la jeune fille.

— Vous n’avez pas perdu de temps, à ce que je vois. Et il me semble que vous pouvez vous passer du concours de Julien.

— Je ne l’ai pas sollicité et si je l’ai accepté, c’est que je suis déjà l’obligée de monsieur votre fils et qu’il ne m’en coûterait pas de lui devoir encore plus de reconnaissance. Mais je serais désolée qu’il s’exposât pour moi et qu’il risquât sa vie en m’aidant à chercher le meurtrier de mon père.

— Je suis prêt, s’écria Julien.

À cette réponse enthousiaste, madame Gémozac perdit toute mesure.

— Tu es fou, dit-elle à son fils. Je ne souffrirai pas que tu te fasses agent de police pour être agréable à mademoiselle.

— Je suis maître de mes actions, répliqua froidement Julien. Et je dois vous faire observer, ma mère, que le lieu est mal choisi pour discuter sur ce sujet.

— C’est juste. Partons. Tu ne me feras pas, je suppose, le chagrin de me laisser partir seule ?