Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/98

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Déjà je sentois ce frisson, ces tressaillements, toujours précurseurs des plaisirs & souvent bien plus délectables. Le cœur me battoir, l’eau me venoit à la bouche ; enfin, je touchois à ce moment tant désiré, au moins m’en flattois-je. Je m’étois agenouillé près de l’objet prétendu de mon ardeur : alors ma main impatiente s’égara en tremblant sous sa jupe. Miséricorde ! quelle jupe ! je m’en souviendrai éternellement : c’étoit le sale cotillon d’un des Révérends Pères Capucins. Je me trouvai les quatre doigts & le pouce si avant, que l’infect Cénobite se réveilla en sursaut, criant d’une voix de Stentor, Ladrone, ladrone. Qu’on se peigne, si l’on peut, l’embarras & la confusion où cette méprise me jetta. Accablé de frayeur & de honte, je voulus regagner mon gîte ; mais je ne le pus faire si adroitement, que je ne culbutasse sur la plupart de mes compagnons de voyage. Ils se mirent tous à faire chorus avec