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Page:Fouillée - Descartes, 1893.djvu/99

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la critique de la connaissance.

que nous trouvons en nous avec la conscience qu’elles y sont, et autant que la conscience de ces choses est en nous. » Aussi peut-on dire aussi bien, selon lui : Respiro, ergo sum, à la condition qu’il s’agisse de la conscience même que nous avons de notre respiration. Si fallor, sum, avait déjà dit saint Augustin, sans en chercher davantage, sans voir dans cette présence immédiate de la pensée à elle-même l’aliquid inconcussum. Avec Descartes, ce principe est devenu la base de toute la philosophie. La transparence intérieure de la pensée qui se voit être et ne peut rien voir être qu’à travers soi, c’est l’idéalisme désormais fondé sur la réalité même, car, chose merveilleuse, la seule réalité qui soit absolument certaine se trouve être précisément celle qui existe en idée, qui est pensée et se pense !

Ce principe de la philosophie moderne était à la fois tellement simple et tellement profond qu’il n’a été et n’est encore aujourd’hui compris qu’imparfaitement. Combien de méchantes querelles faites à Descartes ! Votre « vérité première », objecte-t-on, présuppose une vérité antérieure : — Ce qui pense est, ou, en général, une même chose ne peut à la fois être ou ne pas être. — Et l’on oublie la distinction si juste faite par Descartes entre les « notions communes », qui ne nous apprennent l’existence d’aucun objet, et les vérités portant sur l’existence réelle. L’existence de la pensée est un « premier principe » en ce second sens, non dans l’autre, « parce qu’il n’y a rien, dit Descartes, dont