Page:Fouqué - Les Tremblements de terre.djvu/266

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À 11h 1/4, la frégate déchassa sur ses ancres et en perdit une ; bientôt après elle perdit la seconde, et le bâtiment alors éprouva un mouvement gyratoire et fut entraîné avec une violence qui s’accrut encore avec la vitesse toujours croissante de l’eau.

La ville entière n’offrit plus qu’une surface déserte ; d’environ mille maisons, dix-sept seulement restaient encore debout. D’épais nuages de vapeur couvrirent en même temps l’emplacement de la ville, et l’air fut rempli de vapeurs sulfureuses.

L’élévation et la chute de l’eau furent si rapides dans cette baie étroite, qu’il s’y forma d’innombrables tourbillons, au milieu desquels la frégate tourna d’elle-même, si fortement, que tout à bord fut renversé.

Vers 10h 1/2 une jonque, entraînée par un de ces terribles mouvements gyratoires, avait été jetée contre la frégate, s’était ouverte, brisée et avait sombré. Deux hommes seulement, auxquels on avait jeté des cordes, furent sauvés, les autres touvèrent la mort dans les cajutes où ils s’étaient retirés.

Cependant la frégate se maintint au milieu de ces mouvements gyratoires ; elle tourna quarante-trois fois sur elle-même, mais non sans éprouver de grandes avaries au milieu des écueils qui l’environnaient de toutes parts. Les secousses réitérées firent sortir les canons de leurs places, un homme fut écrasé, plusieurs furent blessés.

Jusqu’à midi, l’ascension et la chute de l’eau ne cessèrent pas dans la baie ; le niveau varia d’au moins 2m,65 jusqu’à 12 mètres de hauteur.