Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 1, Garnier.djvu/26

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Du temps, elle se complaint

Que l'amour assez ne m'atteint. [310]

Messire Jean


Ô dueil heureux !

Eugène


Elle s'apaise,

Elle accourt, et plus fort me baise :

Puis s'arrêtant elle se mire

Dedans mes yeux.

Messire Jean


Ô doux martyre !

Eugène


Et folâtrant elle rempoigne [315]

Mes lèvres, qui font une trogne,

Afin que d'elle elles soient morses :

Et quant est des autres amorces,

Pense que peut en cela faire

Celle qui se plaît en l'affaire. [320]

Messire Jean


Qui pourrait être homme tant froid,

Qui ne s'émeut en cet endroit ?

Eugène


Mais où me suis-je promené ?

Où l'amour m'a-t-il jà trainé ?

Ore donc sache en cette affaire [325]

Comment il te faut me complaire

Au long discours de cette chose.

Deux points tous seuls je te propose :

La peur que j'ai que ce sottard

Découvre la braise qui m'ard : [330]

Et la peur que j'ai qu'en ma Dame

Ne s'allume quelque autre flamme.

Au premier tu remédieras,

Quand ce lourdaud gouverneras,

L'assurant que j'ai bonne envie [335]

De lui aider toute sa vie :

Quand tu le mèneras au jeu,

Quand l'amadouant peu à peu,

Tu le rendras ami de toi,

Autant que sa femme est de moi, [340]

Afin qu'ayez l'entrée sûre.

Quant est du second, je t'assure

Qu'il te faudra prendre cent yeux,