Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 1, Garnier.djvu/30

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Et lui tourne le cul arrière :

Car hélas (bon dieu) tu ne veux

Que l'on blesse les chastes voeux.

Alix


Qui est celui j'oy compter, [465]

Er tellement se contenter ?

Ha mananda, c'est mon badault,

Écouter ici me le faut,

Pour savoir qu'il dira de moi.

Guillaume


Bon Dieu, je suis tenu à toi ! [470]

Outre cela elle est tant douce,

Jamais ses amis ne repousse :

Elle est à chacun charitable,

Et envers moi tant amiable

Que le monde en est étonné. [475]

Quantes fois m'a-t-elle donné

De l'argent pour m'aller jouer ?

Cil qui veut à Dieu se vouer

Ne sera jamais indigent :

Alix a toujours de l'argent, [480]

Elle est sainte dès ce bas lieu :

Car c'est de la grâce de Dieu,

Que cet argent lui vient ainsi.

Alix


Je suis en paradis aussi,

D'avoir un mari tel que j'ai : [485]

Par ainsi sainte je serai.

Guillaume


Même quand je me vais ébattre,

Si j'y étais trois jours ou quatre,

Elle n'en dit rien au retour

Non plus que d'un seul demi jour : [490]

Et quand je me veux excuser,

Et de tels mots vers elle user,

Pardon je vous suppli, ma femme,

Vraiment ce m'est un grand diffame

D'avoir demeuré jusqu'à ores : [495]

Je voudrais qu'y fussiez encores,

Mon ami, c'est votre santé.

Alix


Hé benêt, que c'est bien chanté.

Guillaume


Et quand je me trouve en malaise,

Je sens que sa prière apaise [500]