Scène II
Encores que les maux soufferts, [1645]
Et ceux qui sont encore offerts
Me soient griefs, Sire, mon ami,
Si est-ce que presque à demi
Je suis en ce lieu soulagé.
A a que je suis bien allégé [1650]
D'être sous la tutelle et garde
D'un homme tant saint qui me garde.
Sire vous ne pourriez pas croire
De quel amour il m'aime, voire
Jusques à prendre tant d'émoi [1655]
De venir même au soir chez moi
Pour voit si je me porte bien,
Il ne souffrirait pas en rien
Qu'on nous fît ou tort, ou diffame :
Il aime si très tant ma femme, [1660]
Que plus en plus la prend sous soi.
Sus donc, courage éveille-toi
Mon bon ami, et ne te fâche,
Je te ferais quelque relâche,
S'il était en moi volontiers : [1665]
Mais j'ai affaire de deniers.
Payer faut, ou tenir prison.
C'est bien entendu la raison :
J'aime ces gens qui quand ils doivent,
Volontiers le quitte reçoivent. [1670]
Vos raisons ont tant de pouvoir
Sur ce mien débile savoir,
Que répondre je ne saurais :
Et quand encore je pourrais,
Que gagne-t-on de contester [1675]
Quand on s'y voit nécessiter ?
L'amour, Frère, que je vous porte,