Tu m'as bien tôt mieux fortunée,
Que je ne me disais mal née !
Mais puisque chose tant heureuse
Survient à moi peu vertueuse, [1860]
À jamais ma foi je tiendrai,
À nul autre ne me rendrai,
Sinon qu'à l'Abbé votre maître.
Vous ferez bien, et foi de prêtre
Vers vous quasi serf il se rend, [1865]
Son propre vouloir enserrant
Prisonnier pour le vôtre suivre :
Mais marchez d'un pied plus délivre.
Voilà l'Abbé et mon Hélène
Devant la porte, mais à peine [1870]
Ai-je pu mon Hélène voir.
Sans m'absenter de mon pouvoir.
Saluons-les, bonsoir Monsieur.
Bonsoir à tous.
Et vous mon heur,
Si fort je me sens embraser, [1875]
Que je voudrais que ce baiser
Me dût durer jusqu'à demain.
Çà ma soeur baillez-moi la main,
Et vous Monsieur avecques elle,
Jurant une amour éternelle [1880]
À qui le temps ne fera rien.
A a Monsieur je le veux trop bien.
Le voilà donc tout arrêté.
Je vois venir de ce côté
Notre Alix.
Ô qu'elle est joyeuse. [1885]
Elle rit de sa paix heureuse
Avec Messire Jean.