Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/439

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Et le Poète après, qui d'une voix hautaine

Criait que des Poltrons c'était le Capitaine.

Venez leur ai-je dit, je vous veux accorder.

Puis j'ai dit au Guerrier, je veux vous demander : [1720]

Ceux qui sous vos drapeaux marchent dans les batailles,

Ce ne sont que poltrons, ce ne sont que canailles.

Si d'eux avecques vous on fait comparaison,

Vous êtes des poltrons chef par cette raison :

C'est ainsi qu'il l'entend. Bon, dit-il, de la sorte. [1725]

Vous, chéri d'Apollon, c'est honneur qu'il vous porte,

En vous nommant Sorcier : par vos vers ravissants

Vous nous ensorcelez, vous enchantez nos sens,

C'est ainsi qu'il entend que vous faites des charmes.

J'ai mis ainsi d'accord les Muses et les Armes. [1730]

ALCIDON
.


Pussiez-vous aussi bien soulager mes ennuis,

Et me débarrasser de la peine où je suis.

LYSANDRE
.


Quel tourment avez-vous ?

ALCIDON
.


Ah ! Vous allez l'entendre.

La peine où je me trouve est d'avoir trop d'un gendre.

LYSANDRE
.


Quoi ? Vous en avez trop ? Où les avez-vous pris ? [1735]

ALCIDON
.


Je n'en voulais que trois, mais je me suis mépris.

Ma parole est à quatre à présent engagée ;

Et c'est là le tourment de mon âme affligée :

Ils s'en vont tous ici paraître en un moment.

LYSANDRE
.


Qui sont-ils ?

ALCIDON
.


Vous savez ce misérable Amant, [1740]

Et celui qui possède une grande Richesse,

À qui j'ai fait tantôt devant vous ma promesse :

Quand j'ai trouvé ce riche, une heure auparavant

Je m'étais engagé pour un homme Savant ;

Depuis, sur quelque bruit faisant ici la ronde [1745]

Je n'ai pu refuser au plus Vaillant du monde :

Voilà doncques les quatre à qui tous j'ai promis ;

Et si je manque aux uns, j'en fais des ennemis.

Chacun également me semble désirable,

Et nul dans le mépris ne sera supportable. [1750]

LYSANDRE
.