Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/444

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Aussitôt des maris les têtes sont troublées :

Ils pensent que c'est là que se voit le Galant ; [1855]

Que se donne l’œillade, et le poulet coulant :

Les pièces que l'on joue en ces nuits bienheureuses

Ne parlant que d'amour, leur semblent dangereuses :

Pensez-vous, disent-ils, qu'on vous veuille souffrir

À dormir tout le jour, et la nuit à courir ? [1860]

Mais leur plus grand dépit est facile à connaître,

C'est que dedans ces lieux ils n'oseraient paraître :

Car on dit aussitôt Voyez-vous le jaloux ?

Il suit partout sa femme ; et comme à des Hiboux

Qui des gentils oiseaux sont la haine et la crainte. [1865]

Chacun veut de son bec leur donner une atteinte.

Je ne veux point, mon père, épouser un censeur.

Puisque vous me souffrez recevoir la douceur.

Des plaisirs innocents que le théâtre apporte,

Prendrais-je le hasard de vivre d'autre sorte ? [1870]

Puis on a des enfants qui vous sont sur les bras :

Les mener au théâtre, ô Dieux ! Quel embarras

Tantôt couche, ou grossesse, ou quelque maladie

Pour jamais vous font dire, Adieu la Comédie :

Je ne suis pas si sotte ; aussi je vous promets [1875]

Pour toutes ces raisons d'être fille à jamais.

LYSANDRE
.


À voir comme elle parle, un homme bien habile

Aurait peine à la vaincre.

ALCIDON
.


Ô mon choix inutile

De ces rares partis qu'il faut congédier.

Si pas une à présent ne se veut marier. [1880]

Naguère je croyais n'avoir trop que d'un gendre ;

Mais, bons Dieux ! Maintenant j'en ai quatre à revendre.

Mes filles est-ce là le respect qui m'est dû ?

LYSANDRE
.


Je vois déjà venir un gendre prétendu.

Prenez garde, Alcidon, c'est l'amant ce me semble. [1885]

ALCIDON
.


Que lui pourrai-je dire ? Ah ! Tout le corps me tremble.