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MON ENCRIER

C’est un sacrifice qu’elle n’a jamais exigé, au moins sans nécessité : et quelle nécessité, je vous prie, quelle utilité seulement y aurait-il, pour la France, à ce que nous allions aujourd’hui contester à l’Allemagne les qualités que la France fut la première à glorifier, et que nous aurions probablement toujours ignorées si la France elle-même ne s’était chargée de nous les faire connaître ?

Surtout, quelle utilité pour elle y aurait-il à ce que, nous ici, nous acceptions de toutes mains et sans contrôle les mille histoires plus ou moins vraisemblables qui nous parviennent chaque jour sur le compte de l’Allemagne ? En quoi cela pourrait-il bien l’avancer ? Demandez plutôt à M. Ferdinand Paradis, ainsi qu’aux légions de braves gens qui pendant des mois ne cessèrent de verser avec lui des larmes d’indignation aux récits d’enfants aux mains coupées…, demandez-leur à tous, aujourd’hui que ces récits sont universellement reconnus faux, en quoi leur crédulité, dans le temps, a bien pu servir la cause de la Belgique, et ce que la Belgique a bien pu y gagner.

Ce n’est pas, mon cher ami, vous l’entendez assez, que je veuille rejeter en bloc toutes les accusations portées contre les Allemands. Tout ce que je demande, c’est la permission de les examiner loyalement et sans parti pris, afin de les