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IMPRESSIONS DE TRAVERSÉE[1]

À bord de l’Empress of Britain.
Samedi, 14 août.


Mon cher rédacteur,


Si j’ai enfin consenti, sur les instances de mon médecin, à me séparer de mes nombreux ennemis durant quelques semaines, ce n’est point, je vous prie de le croire, pour continuer d’écrire des articles de journaux. J’aurai, j’espère bien, autre chose à faire pendant la traversée, et si vraiment je ne devais pas trouver d’occupation plus intelligente, ce serait à me faire croire à la fatalité du vendredi treize : car vous savez que je me suis embarqué un vendredi treize.

Pourtant, vous êtes si bon garçon, mon cher rédacteur, et vous avez une façon tellement suppliante de me demander ce « service », que je ne puis faire autrement que de vous accorder encore quelques lignes. Je m’en vais donc vous griffonner ce que je pourrai, au hasard du voyage. D’avance, j’ai grand peur que cela ne vaille pas le diable : mais en ce cas vous n’aurez qu’à jeter le tout au panier, et la terre, soyez-en sûr, n’en

  1. Nationaliste, 12 septembre 1909.