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MON ENCRIER

soir, on les vit faire la navette, sans se lasser un seul instant, entre les soixante-seize polls de Saint-Jacques, pour se bien pénétrer des beautés du suffrage universel dans un pays de liberté.

Il est vrai qu’ils n’avaient point droit de vote et qu’ils n’ont pu, par conséquent, déposer le moindre petit bulletin en faveur de M. Robillard. Tout de même, leur présence dans la circonscription, durant le temps entier de la votation, était bien de nature à réjouir tous les bons citoyens, et l’intérêt évident, quoique tout platonique, qu’ils manifestèrent, au cours de la journée, en faveur du candidat ministériel, ne dut pas contribuer pour peu au succès de la bonne cause.

M. Godfroy Langlois, qui eut l’honneur de diriger l’organisation de M. Robillard, a trouvé là un concours qu’il n’avait sans doute pas escompté, et qui devra lui faire concevoir de hautes espérances pour l’avenir de ses idées.

Songez en effet que, si ces messieurs avaient pu voter seulement 20 fois chacun, cela faisait au total 2,000 voix de plus pour Monsieur Robillard.

Ils ont voulu s’en abstenir, par une de ces délicatesses comme on en trouve quelquefois sous les plus rudes écorces.

Comme ces chardons bleus qui poussent sur les plages
Ils ont des cœurs d’azur dans leurs piquants sauvages.

Autrement dit, un cœur noble bat sous la cras-