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MON ENCRIER

fucius. Cela eut pour effet de rallier aux idées nouvelles presque le tiers de la nation.

Là-dessus, le roi convoqua son parlement pour lui faire approuver son projet. C’est en cette occasion que le Grand Mamamouchi du Ton-Kin prononça ces paroles célèbres, qu’un vieux manuscrit chinois[1] nous a heureusement conservées (nous citons naturellement dans le texte) :

Cet acte pourvoit aussi que lorsque le Grand Mamamouchi-en-Conseil le croit nécessaire en cas de guerre, d’invasion ou d’insurrection, le service naval peut être requis pour prendre les armes. Le Grand Mamamouchi attire l’attention du « Caucus » sur ceci, que si la marine est sous la surveillance du gouvernement ton-kinois, surtout sous celle du ministère de la marine, le Grand Mamamouchi-en-conseil peut au cas d’urgence placer à la disposition de Sa Majesté le roi de Chine tout ou partie de la marine ton-kinoise pour service dans la marine royale et disposer de cette sorte de tous les navires de guerre et de tous les officiers et de tous les hommes en service sur ces navires…

… Car si la Chine, dont nous sommes sujets, est en guerre avec une nation quelconque, le Ton-Kin peut être envahi, et il est en guerre.

Chose stupéfiante, ces paroles ne provoquèrent aucune protestation. Le Grand Mamamouchi fut, après ce discours, plus acclamé que jamais ; chacun l’entoura pour le féliciter ; les mamamouchinets, selon la coutume du pays, réclamaient à l’envie l’honneur de lui épiler le nez avec de menus bâtonnets ; les journaux s’écrièrent qu’ils n’avaient jamais rien entendu de si sage et de si profond, et on lui fit des éloges en vers

  1. Le « Kah-Nah-Dhah », conservé à la Bibliothèque Impériale de Pékin.