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DUSTRIEL. — PATRIOTE. — CATHOLIQUE. Comme l’on voit, il n’y a pas à se méprendre.

Le patriotisme d’Augustin Hébert se manifestait principalement, dans le cours ordinaire des choses, par un acharnement incroyable à collectionner les livres canadiens. Cette passion, à la fin, avait même tourné tout à fait à la manie. M. Hector Bernier nous le dit expressément :

Il eût fallu rouler sur son beau corps d’athlète avant de lui arracher un seul des ouvrages canadiens qui formaient sa collection sainte. (P. 31.)

En d’autres termes, il se fût battu jusqu’au colon plutôt que d’abandonner à l’ennemi, cambrioleur ou politicien, les Élévations poétiques de M. l’abbé Burque ou les Souvenirs d’outre-mer de M. le notaire Mayrand, les Discours de M. le juge Pouliot ou les Impressions de voyage de M. Routhier. Nul ne s’étonnera qu’en la compagnie de ces esprits distingués l’« industriel patriote » (cf. Au large de l’Écueil. p. 32) ait pris à la longue une simplicité de langage toute canadienne. On ne trouvera que naturel, au contraire, de l’entendre dire tout bonnement à son fils retour d’Europe :

Allons ! fais-nous le récit alléchant de tes idylles d’amour sur les lacs divins de la Suisse. Entr’ouvre, à nos yeux épouvantés, les précipices où ton regard plongeait du haut des cimes alpestres… Évoque les foules grouillantes qui se jouaient de ta chétive personne comme le vent de la paille… Parle-nous des musées où les heures filaient comme des rêves, des théâtres où les virtuoses de la rampe ébranlèrent tout ce que tu avais d’âme et de nerfs !… (P. 42.)