Page:Fournier - Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1880.djvu/14

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peare et de Byron, de Schiller et de Gœthe — vers les splendeurs du plus lumineux idéal, sans que la terre en fût presque effleurée, si ce n’est dans ce qui la rattache aux choses d’en haut : la Foi, la Mélancolie et l’Amour !

Quels coups d’aile, même dans le doute et le désespoir !

Ainsi, de l’inspiration en pleine flamme, de l’élévation sans trêve et d’un élan continu en montant, excelsior ; du génie souvent, du talent toujours, de la jeunesse partout : voilà ce temps béni, ces quinze années prédestinées, pendant lesquelles chacun, soit qu’il fit partie de l’ancienne noblesse, comme Lamartine, Vigny, Musset, Rességuier ; soit qu’il fût fils de soldat, comme Victor Hugo et Dumas ; soit qu’il fût sorti de la bourgeoisie, comme Auguste Barbier, les Deschamps, Sainte-Beuve, Gautier et tant d’autres ; soit qu’il appartînt au monde des ouvriers, comme Reboul, Poney, Magu, etc. ; apporta sa part de la grande moisson de poésie.

Les femmes n’y furent pas les dernières. Jamais époque ne vit un plus grand nombre de ce qu’aux siècles derniers on appelait des dixièmes Muses. Plusieurs : Élisa Mercœur, Madame Tastu, etc., en méritèrent vraiment le nom.

Les vers semblaient être à ce moment la langue universelle. Aussi ne faut-il pas être surpris de voir