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SÉGALAS (Anaïs)


On ne l’a guère connue sous son nom de jeune fille, Anaïs Ménard. En 1829, à quinze ans, elle était déjà Mme Ségalas. Deux ans après, elle préludait ; ses succès de poète par un volume d’actualité poétique, les Algériennes, que suivit d’assez près un recueil plus important, les Oiseaux de passage, dont les salons, où elle en avait lu quelques pièces, avaient eu la primeur avidement goûtée. Ses vers à une Tête de mort, improvisés au château du Vivier, et qui étaient bien dans le ton des poésies cadavéreuses du moment, avaient surtout fait fortune, mais sans profit pour la réputation de l’auteur : le plus souvent on ne les citait que pour les attribuer à l’un ou à l’autre des poètes alors en vogue. C’est ainsi que, dans ses Souvenirs, Dumas, auquel, je pense, elle n’en voulut pas trop de cette très flatteuse attribution, les a prêtés à Victor Hugo.

Plusieurs années se passèrent sans que Mme Ségalas publiât rien. Elle éparpillait ses vers dans les journaux, les revues, les keepsakes. En 1844, elle se décida enfin à les réunir, et donna deux recueils coup sur coup, dont le plus remarqué fut celui des Enfantines, dédié à sa fille, et qui en peu de temps eut sept éditions. Les mères avaient compris ces poésies d’une mère et l’en récompensaient.

En 1848, elle donna un nouveau recueil, la Femme, puis un autre encore un peu plus tard, Nos bons Parisiens.

On a d’elle plusieurs romans, des nouvelles, quelques pièces de théâtre ; mais ses poésies restent son principal titre.


A UNE TÊTE DE MORT


Squelette, qu’as-tu fait de l’âme ?
Foyer, qu’as-tu fait de ta flamme ?
Cage muette qu’as-tu fait
De ton bel oiseau qui chantait ?