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dulie, entra dans le bureau. Pendant que celle-ci remettait les choses en place, elle se disait :

— Cyprien et Céline font un beau petit ménage, fini. Ils sont jeunes ; ils ont les moyens ; pourquoi donc qu’ils ne seraient pas heureux, je vous demande ?

Pour Cédulie qui n’avait jamais été belle, qui n’avait pas les moyens, et qui n’était plus jeune, les époux réunissaient les plus sûrs éléments de bonheur.


VI


Et elle n’avait pas tout à fait tort, la pauvre Cédulie, car les nouveaux mariés crurent assez longtemps qu’ils étaient heureux et le furent précisément tout ce temps-là.

Tout allait, en effet, à merveille, sur la ferme comme dans le nouveau ménage. Attentif et soigneux pour tout ce qui regardait sa nouvelle tâche, Cyprien se montrait encore joyeux et empressé à la maison. Leur foyer, traversé pendant cette première année par un son de joie et d’amour qui en formait le ton fondamental, leur apparaissait harmonieux et beau entre tous.

Tante Mérance ne faisait qu’un rond autour du vieux ber de famille, descendu des entraits pour bercer la nouvelle génération. Elle s’arrêtait, en extase, devant le bébé rose et disait : « Ce Zu-zulle-là, c’est sa mère toute recopiée ! » Aussi les premiers pas de Zu-zulle (sa première culbute veux-je dire), sa première « crique » sa première parole, provoquèrent des scènes où elle n’avait pas le rôle muet, tant s’en faut. Elle