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rent des agneaux. On peut s’imaginer en quel état devait être le reste.

Le printemps venu, Cyprien fit ses semences tant bien que mal, plutôt mal que bien. Il semblait avoir perdu l’amour du travail et avoir retrouvé par contre, l’habitude de boire, en admettant qu’il l’eut jamais perdue. Aussi passait-il régulièrement quatre soirées sur sept à la « bebotte de Jean Bois », sans compter les jours de pluie, de grosse chaleur, et les mille circonstances imprévues qui devaient se plier à un programme bien prévu.

Tout était à l’abandon sur le bien. Les clôtures qui n’avaient pas été relevées à temps, livrèrent passage aux animaux du voisin qui lui dévastèrent sa plus belle pièce de blé. Malgré les arrangements que celui-ci vint lui proposer, Cyprien voulut lui intenter un procès qu’il perdit. Pour pouvoir payer les frais, il dut emprunter de l’argent : ce qu’il ne trouva pas facilement.

Quant à Céline qui ne ressemblait en rien à la onzième héroïne des romans modernes, elle ne rêvait ni pistolet, ni vert-de-paris, ni même de divorce. Certes, elle était très malheureuse ; mais elle ne désespérait pas de trouver tôt ou tard un moyen de toucher le cœur de son mari, et de le ramener à de meilleurs sentiments. Elle crut avoir atteint ce but lorsqu’elle donna le jour à leur second enfant, qui eut l’honneur d’avoir pour parrain et marraine, M. Justin Boiron de Montréal avec sa dame, Maria Lachance, la sœur de Cyprien.

Ce Justin Boiron, propriétaire de l’hôtel