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reprit-il en s’emportant ; il est trop tard, le contrat est signé.

— Quel contrat ? demanda Céline étonnée.

— Celui qui me met en possession de l’étal de Martinon au marché Bonsecours.

— Martinon… Bonsecours… répéta machinalement Céline en se dirigeant vers le ber où la petite Mariette s’éveillait en criant, apeurée par la voix de son père.

— Eh bien ! oui, continua Cyprien, qui voulait en finir avec les explications, c’est Justin qui m’a ménagé cette bonne aubaine. Il me tire ainsi de cette terre d’habitant où l’on perd l’occasion de vivre comme du monde.

— Cyprien, s’écria tante Mérance toute pâle en désignant Céline, respectez au moins la mémoire de son père, dans sa maison.

— Allez au diable, vieille sorcière !

— Prenez garde ! Ça n’a jamais porté chance à personne de « bourasser » les vieux.

Le ton et le geste de tante Mérance intimidèrent un instant Cyprien que toute cette scène avait quelque peu dégrisé. En haussant les épaules, il se tourna vers Céline en ajoutant :

— Nous avons quinze jours pour faire nos préparatifs.

Mais Céline n’était plus là ; elle avait pris sa petite Miette dans ses bras et s’était enfuie cacher sa douleur et sa honte dans sa chambre.

L’avis de Cyprien ayant porté à faux, il s’avança vers Mérance, un sourire bête sur les lèvres. Celle-ci détourna la tête avec, un dégoût non dissimulé, et reculant son siège, elle murmura : Lâche !