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LES CHOSES QUI S’EN VONT

Cependant, après un petit coup de cœur, on reprenait le travail avec entrain, pour le poursuivre jusque vers les cinq heures, où le triage des patates commençait.

Les hommes, portant des demi-minots, des chaudières et des seiaux, allaient de tas en tas, accompagnés des femmes qui triaient les patates grosses et saines, d’avec les petites et les pourrites. Celui qui avait le plus de poigne parmi les jeunesses, versait les vaisseaux dans le tombereau qui passait entre les rangs. Quand la voiture était pleine-comble, les hommes allaient en verser le contenu dans le grand dalleau, posé pour l’occasion dans le soupirail de la cave, et qui conduisait les patates, selon leur espèce, dans les parts qui leur étaient destinés : les parouelles, et les « early rose » pour parler en bon français.

Si, après le triage des grosses patates, il commençait à faire brun — en sectembre ou optobre, la noirceur vient plus vite qu’une habillement de drap — on laissait les autres sur le champ, pour